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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 05:33

ghaleb_bencheikh.jpgGhaleb Bencheikh, né en 1960 en Arabie séoudite, est docteur en sciences et physicien franco-algérien. Il est frère de Soheib Bencheikh, ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris, ancien mufti de Marseille et l'un des musulmans progressistes les plus connus en France et en Europe.

Ghaleb Bencheikh, également de formation philosophique et théologique, anime l'émission Islam dans le cadre des émissions religieuses diffusées sur France 2 le dimanche matin.

Il préside aussi la Conférence mondiale des religions pour la paix, ce qui l'amène à intervenir souvent en France et à l'étranger, pour propager les thèses progressistes et réformatrices de son frère Soheib.

Il appartient au comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix,  association créée en 2000 dans le cadre des Nations unies pour favoriser le passage d'une culture de la violence à une culture de la non-violence, notamment chez les enfants et adolescents du monde entier.


Notre nation a connu une terrible épreuve. L’ignominie et le terrorisme abject ont frappé au cœur de Paris. Un véritable carnage. Et nous ne pouvons pas nous contenter seulement de dénoncer ces actes qui nous révulsent et de condamner leurs auteurs, sans réserve, ni nous résoudre dans une résignation morose à subir la prochaine attaque... D’ailleurs, qui dit dénoncer entraîne aussitôt qu’il faut annoncer : clamer haut et fort qu’aucune raison, si légitime soit-elle, ne saurait justifier le massacre des innocents et aucune cause, si noble soit-elle, ne prépose la terreur aveugle. Nous scandons jusqu’au ressassement ce que nous avons toujours proclamé : on ne peut pas et on ne doit pas se prévaloir d’un idéal religieux pour semer la haine.

Il se trouve que des individus fanatisés affiliés à des groupes islamistes djihadistes ont décidé de déclencher une conflagration généralisée s’étalant sur un arc allant depuis le nord Nigéria jusqu’à l’Île de Jolo. Et, l’élément islamique y est franchement impliqué. Chaque jour que Dieu fait, des dizaines de vies sont fauchées par une guerre menée au nom d’une certaine idée de l’Islam avec toutes les logorrhées dégénérées qui usurpent son vocabulaire et confisquent son champ sémantique, devenus anxiogènes. Les exactions qui sont commises nous scandalisent et offensent nos consciences. L’incendie ne semble pas fixé, bien au contraire, ses flammes voudraient nous atteindre en Europe et nous brûler, chez nous, en France.

Cette guerre réclame de nous tous, qui que nous soyons, hommes et femmes de bonne volonté, mais surtout de nous autres musulmans de l’éteindre. Il est de notre responsabilité d’agir et de nous opposer à tout ce qui l’attise et l’entretient. Nous ne le faisons pas pour obéir à telle injonction ni parce que nous sommes sommés de nous « désolidariser ». Nous agissons de la sorte, avec dignité, mus que nous sommes par une très haute idée de l’humanité et de la fraternité.

Nous ne cèderons jamais à la psychose. C’est une déclaration de résistance et d’insoumission face à la barbarie. C’est aussi notre attachement viscéral à la vie, à la paix et à la liberté. Après l’affliction et la torpeur, il est temps de reconnaître, dans la froideur d’esprit et la lucidité, les fêlures graves d’un discours religieux intolérant et les manquements à l’éthique de l’altérité confessionnelle qui perdurent depuis des lustres dans des communautés musulmanes ignares, déstructurées et crispées, repliées sur elles-mêmes.

En effet, le drame réside dans le discours martial puisé dans la partie belligène du patrimoine religieux islamique – conforme à une vision du monde dépassée, propre à un temps éculé - qui n’a pas été déminéralisée ni dévitalisée. Des sermonnaires doctrinaires le profèrent pour « défendre » une religion qu’ils dénaturent et avilissent. Plus que sa caducité ou son obsolescence, il est temps de le déclarer antihumaniste.

Au-delà des simples réformettes, par-delà le toilettage, plus qu’un aggiornamento, plus qu’un rafistolage qui s’apparentent tous à une cautérisation d’une jambe en bois, c’est à une refondation de la pensée théologique islamique qu’il faut en appeler, je ne cesse pour ma part, de le requérir et je m’étais égosillé à l’exprimer. En finir avec la « raison religieuse »et la « pensée magique », se soustraire à l’argument d’autorité, déplacer les préoccupations de l’assise de la croyance vers les problématiques de l’objectivité de la connaissance, relèvent d’une nécessité impérieuse et d’un besoin vital. L’on n’aura plus à infantiliser des esprits ni à culpabiliser des consciences. Les chantiers sont titanesques et il faut les entreprendre d’urgence : le pluralisme, la laïcité, la désintrication de la politique d’avec la religion, l’égalité foncière entre les êtres, la liberté d’expression et de croyance, la garantie de pouvoir changer de croyance, la désacralisation de la violence, l’Etat de droit sont des réponses essentielles et des antidotes primordiaux exigés.

Ce n’est plus suffisant de clamer que ces crimes n’ont rien à voir avec l’islam. Le discours incantatoire ne règle rien et le discours imprécatoire ne fait jamais avancer les choses. Ce n’est plus possible de pérorer que l’islam c’est la paix, c’est l’hospitalité, c’est la générosité... Bien que nous le croyions fondamentalement et que nous connaissions la magnanimité et la miséricorde enseignées par sa version standard, c’est bien aussi une compréhension obscurantiste, passéiste, dévoyée et rétrograde d’une partie du patrimoine calcifié qui est la cause de tous nos maux. Et il faut tout de suite la dirimer. Nous ne voulons pas que la partie gangrène le tout. Les glaciations idéologiques nous ont amenés à cette tragédie généralisée. Nous devons les dégeler. La responsabilité nous commande de reconnaître l’abdication de la raison et la démission de l’esprit dans la scansion de l’antienne islamiste justifiée par une lecture biaisée d’une construction humaine sacralisée et garantie par « le divin ». Il est temps de sortir des enfermements doctrinaux et de s’affranchir des clôtures dogmatiques. L’historicité et l’inapplicabilité d’un certain nombre de textes du corpus religieux islamique sont d’évidence, une réalité objective. Nous l’affirmons. Et nous en tirons les conséquences. Je regrette que nous ne l’ayons pas fait dans notre pays, en France. Aucun colloque de grande envergure n’a pu se tenir, aucun symposium important n’a été organisé en vue de subsumer la violence « inhérente » à l’islam ; pas la moindre conférence sérieuse n’a été animée pour pourfendre les thèses islamistes radicales. Il est vrai que la pusillanimité et la frilosité de nos hiérarques nous ont causé beaucoup de torts. Leur incurie nous laisse attendre, tétanisés, la tragédie d’après. Face à la barbarie, il vaut mieux vivre peu, debout, digne et en phase avec ses convictions humanistes que de vivre longtemps en louvoyant, en étant complice, par l’inaction, de ce qu’on réprouve.

Encore de nos jours, dans de nombreux pays, à populations musulmanes, des régimes politiques sévissent sans légitimité démocratique. Ils gouvernent en domestiquant la religion et en idéologisant la tradition. Ils manipulent la révélation pour des fins autres que spirituelles. Quel crédit peut-on accorder à leur participation à la coalition qui bombarde le prétendu « Etat islamique » alors que les criminels fous furieux du califat de la terreur appliquent leurs doctrines et soutiennent leurs thèses ? La monstruosité idéologique de l’EIIL, dénommée Daesh, c’est le wahhâbisme en actes, rien d’autre. C’est le salafisme dans les faits, la cruauté en sus.

Nous sommes encore, dans des contrées, sous « climat » islamique, à l’ère de la criminalisation de l’apostasie, des châtiments corporels, de la minoration de la femme, de la captation des consciences et de la discrimination fondée sur la base religieuse. Et cela au vingt-et-unième siècle, après en avoir « mangé » une décade et demie ! Or, on ne jauge le degré d’avancement éthique d’une société qu’à l’aune du sort des minorités en leur sein. Même si, in fine, dans une société libre, laïque et démocratique, il n’y a de majorité et de « minorité » qu’au Parlement. Parce que le citoyen y est appréhendé inabstractode l’appartenance confessionnelle ou d’autres spécificités singulières…à quand la citoyenneté pour tous, chrétiens, yézidis, bahaïs, juifs, athées ?

Un corpus polémologique virulent a existé dans la tradition islamique classique. Il est le véritable et le seul référentiel des groupes djihadistes. Il doit être totalement proscrit. Nous avons la responsabilité et le devoir de combattre la réactivation de tous les processus qui l’installent et l’érigent en commandements célestes. Il incombe aux dignitaires religieux, aux imams, aux muphtis et aux théologiens de décréter plus que son inconvenance, mais le reconnaître comme attentatoire à la dignité humaine et contraire à l’enseignement d’amour, de bonté et de miséricorde que recèle grandement la Tradition. Renouer surtout avec l’humanisme d’expression arabe qui a prévalu en contextes islamiques à travers l’histoire et le conjuguer avec toutes les spiritualités et les conceptions philosophiques éclairées du progrès et de la civilisation. Il est consternant que cet humanisme soit oblitéré, effacé des mémoires et totalement occulté. Les noms d’al-Asma’i, de Tawhidi, de Miskayawayh sont méconnus à cause d’une présentation de l’histoire atrophiée et mutilante. C’étaient eux et leurs émules qui avaient assis les fondements d’une civilisation impériale à l’architecture palatiale défiant l’éternité. Il est plus affligeant encore que, dans la régression terrible que nous connaissons, ces grands noms soient ignorés de leurs propres et lointains descendants.

Savoir endiguer la déferlante extrémiste, ravaler le délabrement moral, guérir du malaise existentiel, en finir avec l’indigence intellectuelle et la déshérence culturelle. Aller vers l’universel. Ne pas s’arcbouter sur les particularismes irrédentistes. Telle est la vision programmatique pour sortir de l’ornière dans laquelle nous nous débattons. L’extrémisme est le culte sans la culture ; le fondamentalisme est la croyance sans la connaissance ; l’intégrisme est la religiosité sans la spiritualité.

L’éducation, l’instruction, l’acquisition du savoir, la science et la connaissance sont les maîtres mots combinés à la culture et l’ouverture sur le monde avec l’amour du beau et l’inclination pour les valeurs esthétiques afin de libérer les esprits de leurs prisons, élever les âmes, flatter les sens, polir les cœurs et les assainir de tous les germes du ressentiment et de la haine.

Gageons qu’après cette terrible tragédie, il y aura un véritable éveil des consciences afin de conjurer les ombres maléfiques de l’intolérance et du rejet pour construire ensemble, chez nous, en France, une nation solidaire et fraternelle avec un engagement commun au service de la justice et de la paix. Cette nation reconnaîtra tous ses enfants sans exclusive, sans ostracisme. Notre modèle de vie dans une société ouverte, libre et démocratique, respectueuse des options métaphysiques et garante des orientations spirituelles de ses membres, pourra être transmis ailleurs et devra inspirer davantage les sociétés majoritairement musulmanes. Pour peu, surtout, que les rapports internationaux ne soient plus empreints de realpolitikni d’indignations sélectives, ni de complaisance vis-à-vis des autocrates, ni de compromission avec des Etats « intégristes ». Faisons de cet événement tragique un avènement spécifique : un moment historique, inaugural d’une ère promise d’entente et de paix entre les peuples et les nations.

Nous remercions Laurent Baudoin, animateur du groupe Abû Nuwâs, d'avoir adressé ce texte à la Correspondance unitarienne.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 19:11

Laurent Baudoin, message du 13 janvier 2015 aux membres du groupe Abû-Nuwâs (pour contact).

Bonjour à toutes et à tous,

L'ampleur et la dignité des manifestations qui ont réuni des millions de personnes en France [le dimanche 11 janvier 2015, après l'attentat contre le journal satirique Charlie-Hebdo qui a fait 12 morts] et dans le monde contre le terrorisme et l'obscurantisme ont de quoi susciter l'espoir. Une grande vague s'est levée pour dire non à tous les fascismes, qu'ils soient nationalistes ou religieux.

J'ai défilé à Nancy avec Michel Roussel, Nancéien comme moi. Le nombre, le calme et la sérennité de la foule étaient impressionnants. Pas de slogans, pas de haine. Beaucoup de jeunes ; de nombreux musulmans aussi, en famille souvent, qui en ont marre, comme les autres, des Extrême-droites et des fascismes en tous genres. Car ces criminels qui ont frappé sont l'Extrême-droite de l'islam. Ils font honte à cette religion et à cette civilisation, qu'ils ne connaissent même pas.

mosquees_et_rubans_arc_en_ciel.jpg On ne dira jamais assez les dégâts que peut faire, dans toutes les religions sans exception, une approche prétendument littéraliste des textes, surtout lorsqu'elle est faite par des illétrés ! A côté de textes sublimes, la Bible et le Coran regorgent de citations qui, prises à la lettre sans distance ni contextualisation, sont des appels au meurtre qui peuvent conduire à des massacres ou à des spoliations d'un peuple par un autre. Aujourd'hui, toutes les religions semblent hélas saisies par le vertige du fanatisme et de l'extrémisme, pour satisfaire des appétits nationalistes ou racistes, et détourner l'attention des foules des problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Aucun texte religieux, aucune tradition religieuse, ne peuvent remplacer la conscience humaine, celle dont le Christ et le prophète Mahomet ont dit qu'en dernier recours, quand les textes sont inopérants, c'est toujours elle qui doit avoir le dernier mot.

Cette tragédie a ému le monde entier et a eu des répercussions inédites. De nombreux pays arabes ou musulmans se sont associés aux protestations, ainsi que des institutions politiques ou religieuses jusque là plutôt silencieuses, comme l'Université Al-Azhar du Caire (dont le prestige est grand dans l'islam sunnite), ou l'UOIF (Union des organisations islamiques de France) qu'on a trop tendance à dénigrer. J'ai juste regretté la présence opportuniste de chefs d'Etat dont l'amour de la paix, de la liberté et de la justice n'est pas la caractéristique essentielle : Bongo, Orban, Netanyahou, Davutoglu...

Des manifestations de soutien ont eu lieu en Palestine malgré l'occupation et le blocus : à Ramallah, des centaines de personnes ont défilé derrière la banderole "La Palestine est solidaire de la France contre le terrorisme" ; même chose à Gaza. En Algérie aussi on s'est mobilisé, en souvenir de la terrible "décennie noire" (années 1990).

Les espoirs de ces hommes et femmes de bonne volonté, qui ont fait un pas décisif vers l'entente et la solidarité internationales, demandent à ne pas être déçus.

> Pour cela, il faut que l'Occident s'applique sincèrement et fermement à résoudre enfin, dans la justice, des conflits qui alimentent les frustrations et les haines et servent de prétextes faciles aux terroristes pour frapper.

A commencer par le plus emblématique de tous : le conflit israélo-palestinien, qui est un point majeur de fixation et de ressentiment sur lequel s'appuient les extrémistes avec beaucoup d'opportunisme et de cynisme. L'invitation du président Mahmoud Abbas à la marche est un bon début, qui vaut quasi-reconnaissance de l'Etat de Palestine. Je vous invite aussi à surveiller de près les réactions – ou l'absence de réactions – de nos dirigeants aux résultats des prochaines élections israéliennes, qui risquent de voir le renforcement de l'extrême-droite, déjà très présente au sein du gouvernement de Tel-Aviv.

> En second lieu, l'Occident doit cesser de copiner avec les Etats qui soutiennent et financent le terrorisme international – principalement l'Arabie séoudite et le Qatar – même s'il faut pour cela laisser quelques plumes en matière de pétrole et de dollars...

> En troisième lieu, il faut qu'en Occident, et notamment en France, on n'abandonne plus à leur triste sort ces banlieues d'où le pire peut sortir lorsque l'espoir a disparu, mais aussi le meilleur si l'on sait – si l'on veut – s'y prendre correctement (comme plusieurs initiatives socio-éducatives le montrent).

> Quatrième point : déjà des voix s'élèvent en France pour exiger des mesures liberticides (peine de mort, censure, fichage communautariste...) à l'image de ce qu'on fait les Etats-Unis après le 11-septembre 2001, avec les résultats qu'on connaît ; c'est exactement ce que veulent les terroristes pour discréditer la démocratie ; c'est exactement ce qu'il ne faut pas faire (tout en renforçant bien sûr la sécurité publique).

> Dernier point mais pas le moindre : il faut aussi qu'en islam, malgré l'absence d'organisation centralisée (du moins chez les sunnites), théologiens, penseurs et fidèles retrouvent l'esprit critique de l'ijtihad (en arabe : effort de réflexion pour interpréter les textes fondateurs de l'islam et en déduire le droit ou informer les fidèles de la nature licite ou non d'une action) ; cette tradition critique des débuts de l'islam s'est perdue vers le XIIIe siècle sous l'effet combiné des Croisades, de la domination turque et de la conquête mongole sur le monde arabe.

Au groupe Abû-Nuwâs, nous continuerons à faire connaître ce qu'il y a de meilleur et de beau dans les civilisations arabo-musulmanes ancestrales et contemporaines, à dénoncer les injustices internationales (Palestine, Syrie, etc.) qui donnent du grain à moudre aux assassins, à dénoncer les radicalismes religieux dans toutes les religions (chrétiens, musulmans, juifs, hindous...).

Nous continuerons à regarder l'avenir à travers la figure libertine et libertaire d'Abû-Nuwâs, poète persan et irakien du IXe siècle, qui dut lui aussi, comme les dessinateurs de Charlie Hebdo, bénéficier d'une protection officielle pour affronter les idiots et les obscurantistes de son temps.

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 08:25

d'après Aloïs Pichler Geschichte des orientalischen Kirche 17°s, & Cyril Lucaris. p. 17 (1860)

 

mehmed_II_entree_dans_constantinople.jpgDès que Mohammed II fut entré dans la ville, il demanda en colère pourquoi le patriarche n'était pas venu se présenter à lui. Sur la réponse qu'il avait quitté son siège depuis quelque temps, le sultan ordonna que, selon la règle de l'Eglise, un autre fût élu ; ce qui fut fait, le 4ème jour après la prise de la ville, et Georges Gennadi élevé à l'unanimité au siège patriarcal. Mohammed lui tendit le sceptre avec ces mots : La sainte Trinité (!), qui m'a dévolu l'Empire, te consacre pour le patriarcat de la Nouvelle Rome. Ce Gennadi appartenait à l'Union dont Marc-Eugène venait de devenir le grand ennemi. Ce second Hannibal jura à son ami mourant, d'un joyeux serment, qu'il haïrait fidèlement la vraie Rome jusqu'à la fin de sa vie. (A. Pichler est universitaire bavarois catholique). Illustration : entrée de Memed II dans Constantinople, peinture de Fausto Zonaro (1854 - 1929).

 

Septem-Castrensis (anonyme pour le dominicain Ricoldi) - Contra sectam mahumeticam non indignus scitu libellus (1509). Ce livre est cité longuement et à plusieurs reprises dans Hottinger, Historia Orientalis (Zurich, 1660), qui fit autorité pendant plus d'un siècle. Il est intéressant de voir où s'arrête une importante citation de Hottinger, et de la compléter. Septem-Castrensis, alias Sieben-bürger, autrement dit : de Transylvanie. p. 38-9 ; Hottinger p. 304-5.
 ...Qui ne serait ému de prime abord, s'il est honnête et dirai-je même savant, s'il voit une telle modération morale chez les fidèles [musulmans] ? Car ils ont en horreur toute frivolité dans leurs actions, leurs gestes, leurs vêtements et leur tenue. Ils les détestent comme le feu et la peste. Quand ils voient les chrétiens habillés et harnachés en toutes choses, ils se moquent de leur frivolité, et les traitent de chèvres et de singes.

Car ils se comportent de façon très modeste, qu'on peut dire même religieuse, tant les hommes que les femmes, humbles et grands, gens de cour et paysans, avec une simplicité telle qu'on ne pourrait leur reprocher ou même remarquer aucune indécence ou démesure. Et que dirai-je alors des personnalités que l'on considère comme religieuses ? Ils affichent une telle simplicité exemplaire qu'on pourrait les croire appartenir à un Ordre régulier.

Non seulement les simples citoyens, mais aussi les grands personnages évitent de faire du bruit et du trouble ; leurs chevaux sont castrés. Dans une armée de cent mille hommes, on n'entendrait pas un cheval provoquer un désordre. Pas de fantaisie dans la monture et le harnais. Rien que de la modération. On n'entre pas en armes dans le camp. Les armes restent au dépôt. On ne discute pas sur les chameaux et les mulets, on ne fait ni sauts ni fantasias à cheval, comme les chrétiens en ont coutume.

Les nobles et les dignitaires se comportent en toutes choses comme les gens ordinaires, en sorte qu'on ne peut les distinguer. J'ai vu leur roi se rendant à la mosquée loin de son palais avec deux jeunes gens, et de même  pour aller au bain. Et à son retour de la Mosquée à son palais, personne n'a osé l'accompagner. Sur la place publique il n'était permis à personne de l'approcher, ni de crier "vive le roi", ni rien de semblable... Je l'ai vu prier à la mosquée, pas sur une chaire, ni sur un trône, mais par terre ; assis comme tout le monde sur un tapis, sans aucun ornement autour de lui. Absolument rien ne le distingue dans ses vêtements ni sa monture. Je l'ai vu aux obsèques de sa mère ; je n'aurais pu le reconnaître si on ne me l'eût montré.

Il est strictement interdit à quiconque de l'accompagner, ou de l'accoster en chemin sans sa permission spéciale. Je passe sur bien des choses que j'ai entendue sur lui, combien il est affable dans les rapports, bienveillant et mesuré dans ses jugements, généreux en aumônes, aimable en toutes circonstances.
 

 

(7-Cast. p. 38)- Ainsi des frères de Péra dirent qu'il était entré dans leur église,s'était assis dans le chœur pour voir les cérémonies et la forme de l'office, et qu'à sa demande ils célébrèrent la messe. Dans l'élévation, ils montrèrent une hostie non consacrée, voulant satisfaire sa curiosité, mais non cependant jeter les perles aux pourceaux. Ainsi, en conversant avec eux sur les lois et les rites chrétiens, entendant qu'il y avait des évêques à la tête des églises, il voulut que pour la consolation des chrétiens ils fissent venir un évêque, auquel il promettait tout ce qui était dû à son rang, y joignant une aide et une faveur sans faille. Qui pourrait, sachant ses victoires, les guerres, toute la gloire de ses immenses armées, soupçonner une ingénuité, ou ne pas admirer ses paroles ?

Commentaire : On pourrait penser, à lire ces lignes dans Hottinger, qu'elles auraient été écrites en Transylvanie pour complaire au prince. Hottinger est un Zurichois, ancien professeur d'Heidelberg dont le catéchisme arianisant était refusé par l'orthodoxie. Le passage omis ne permet pas cette interprétation, avec l'explication de la fausse messe, "pour ne pas jeter les perles aux pourceaux", que le prince aurait pris pour une insulte. Nous trouvons là un indice fort d'authenticité pour le portrait, qui correspond tout à fait au comportement du sultan vis-à-vis du patriarche quatre jours après la prise de Constantinople. Le récit de Ricoldi, publié en 1509, donc bien avant la Réforme, date les faits rapportés de 1458, donc peu après la conquête. On peut ici mesurer, avec la réputation des Turcs en Occident, terrifiante, et celle bien différente - sans doute plus proche de la vérité - qu'ils eurent en Transylvanie, à quel point l'importance des médias n'est pas nouvelle.

Traduction et commentaire par Maurice Causse

 

Ajout de l'auteur du 3 août 2014 -
L'édition du texte latin est de 1508 (et non 1509). Il y en a d'autres de 1511, etc. Mais toutes de Lefèvre d'Etaples, chez Henri Estienne, autrement dit le cercle de Marguerite de Navarre.

Le Cheikh Abdou, grand réformiste musulman autour de 1900, estimait que certaines formes du protestantisme étaient très proches en esprit de l'islam, mis à part le rôle du prophète Mohammed. Ce qui est vrai. Mais il attribuait cette proximité à une influence de l'islam sur les origines de la Réforme. Des citations telles que celle-ci peuvent donner corps à un tel sentiment. Mais il faudrait savoir le turc pour en dire davantage...

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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 12:45

michel benoit naissance du coranMichel Benoît vient de publier (mai 2014) : "Naissance du Coran. Aux origines de la violence" dans la collection Histoire / Religion des éditions de L'Harmattan, 168 p., 16,15 €


Présentation de l'éditeur : Pourquoi tant de violences au nom du Coran ? Lui obéissent-ils, ces fanatiques qui se réclament de lui pour tuer ou se faire tuer ? Avec clarté, l'auteur fait la synthèse d'un siècle de recherche indépendante. Il met en lumière une idéologie qui a contaminé le christianisme et l'islam, avant d'inspirer les totalitarismes du siècle dernier : le messianisme. Un éclairage saisissant apporté au nécessaire débat sur la naissance du Coran, ce brasier qui enflamme périodiquement la planète depuis la fin du 7e siècle.

En contre point, n'oublions pas toutefois le messianisme non-violent du rabbi Jésus de Nazareth. Tous les messianisme ne sont donc pas guerriers, mais de connivence avec des mouvements nationalistes, ils peuvent devenir terriblement meurtriers.

Au-delà de cette problématique de la violence inspirée par certains textes considérés comme sacrés, l'auteur apporte des informations sur la genèse du Coran, non point descendu du ciel, mais composé après la mort de Muhammad sur commande des Califes et avec l'aide de ses disciples ; bref, un travail monumental de compilation.

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25 avril 2014 5 25 /04 /avril /2014 08:48

 

Déjà les Turcs, au XVIIème siècle, notaient l'arrogance des Européens !

Le voyageur anglais  Edward Brown rapporte dans son Voyage en Egypte (1674) [ndlr - il est également connu pour un voyage en Croatie] les réflexions d’un Turc sur la perception qu’ont les Occidentaux du monde arabo-musulman, à propos de l'habitude des Orientaux de se raconter des histoires plus ou moins fabuleuses durant leurs loisirs :

edouard_brown.jpg

« ”Vous voyez, me dit-il, que nous ne sommes pas aussi barbares que le croient beaucoup de Francs [chrétiens d’Europe]. C'est vraiment une des pires caractéristiques de votre peuple ; ils sont pleins de vanité et de suffisance. Passionnément attachés à leurs coutumes, ils s'irritent de voir que les autres tiennent aussi aux leurs. Je sais que beaucoup de Francs se moquent de nos histoires et de ce moyen dont nous usons pour alléger nos tourments, et pourtant il me semble que c'est aussi innocent que leurs propres distractions : le vin qu'ils boivent en quantité ou le jeu auquel ils s'adonnent. Et quoique nos histoires soient très différentes des vôtres, c'est du moins ce que l'on m'a dit, il n'y a aucune raison pour qu'elles soient ridicules ou absurdes. Nos mœurs n'ont jamais été les mêmes, nous n'envisageons pas de la même façon la guerre et la paix, notre enseignement et nos plaisirs diffèrent, pourquoi nos histoires devraient-elles ressembler aux vôtres ? Et pourquoi mériteraient-elles le mépris pour la seule raison qu'elles sont différentes ? N'est-ce pas là un trait de vanité ou d'orgueil plutôt que de science et de courtoisie ?” »

Ebranlé par cet appel au respect des différences et des cultures, Brown poursuit :

« Je ne pus m'empêcher de reconnaître que ce qu'il disait était tout à fait juste […]. Avec quelle facilité nous voyons la paille dans l'œil des autres et nous ignorons la poutre qui est dans le nôtre ! »

En tant qu'humaniste chrétien (protestant), Brown pense qu'avant de juger et de condamner, il faut d'abord essayer de comprendre. Il s’élève contre les idées préconçues sur les musulmans :

« Si la plupart des Francs portent ces jugements sur leur compte, c'est qu'ils ne se donnent pas la peine, ou, comme ils disent, ne prennent pas le risque, d'apprendre à les connaître. […] Ce n'est pas le manque de connaissances qui peut faire passer ces peuples pour ignorants aux yeux des voyageurs européens, mais plutôt le fait qu'ils attachent plus d'importance à des choses qui n'en ont pas pour nous, et dans lesquelles peu de nos voyageurs ont des lumières. »

Ndlr - Le voyage en Egypte (1673-1674) d'Edouard Brown a été republié par IFAO ( lien), avec une introduction et des notes de Serge Sauneron et une traduction en français de Marie-Thérèse Bréant.

 

Nous remercions Laurent Baudoin pour cet extrait paru dans un compte-rendu d'une réunion du groupe Abû-Nuwâs (tenue le 23 avril 2014) sur "l'homoérotisme en terre d'islam : paroles de voyageurs". L. Baudoin mène des recherches à l'EHESS (Paris) sur "Les représentations occidentales de l'homoérotisme dans les pays arabo-musulmans à travers la littérature de voyage du XVIe au XIXe siècle".

Son projet : J’ai voulu savoir ce qu’il en était vraiment de la perméabilité à l’homoérotisme des sociétés arabo-musulmanes de la période « prémoderne » (c'est-à-dire avant l’influence massive de l’Occident sur l’Orient et la montée des nationalismes arabes), et si l’on pouvait établir une légitimité socio-culturelle de l’homoérotisme, qui démente les affirmations selon lesquelles les civilisations de l’Islam sont hostiles aux relations entre personnes de même sexe.

Des travaux historiques ont déjà été menés à partir de sources écrites arabophones ou turcophones (dont l'ouvrage de référence de l'universitaire américano-palestinien Khaled el-Rouayheb, L’Amour des garçons en pays arabo-islamique, XI-XVIII s., éd. Epel, 2009).

Ces travaux utilisent aussi, mais partiellement et comme sources secondaires, les récits de voyageurs occidentaux en Orient. J’ai donc entrepris de partir à la découverte de ces textes peu exploités. Ils apportent un éclairage direct sur la représentation que se faisait l’Europe chrétienne de la sexualité musulmane (en particulier l’homoérotisme), en même temps, par dérivation, qu’un aperçu de la façon dont l’Europe jugeait les comportements sexuels transgressifs, et exploitait la prétendue « dépravation morale » des musulmans à des fins politiques contre l’Islam.

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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 10:26

Le dialogue inter-religieux se fait entre mouvances religieuses cohabitationnistes, c’est-à-dire qui acceptent le pluralisme religieux. Ceci implique un art du vivre ensemble, une idée libérale selon laquelle Dieu est le même pour tous mais que ce sont les cultures qui diffèrent (le nom de Dieu selon sa langue, les fêtes religieuses, le prophète que l’on suit, etc.), et une absence de prosélytisme tapageur et hégémonique.

cercle_d_amitie_autour_du_monde.jpg
Cela commence par une convivialité de voisinage : lors des fêtes, aller donner des cadeaux aux voisins d’une autre religion ou encore les inviter aux repas familiaux ou de communauté, ou encore inviter les autres autorités religieuses à une célébration à l’occasion d’une fête, d’une ordination ou nomination, d’un décès, d'une catastrophe, etc. Cela peut se poursuivre par des informations réciproques : exposer aux autres sa religion dans un climat de compréhension mutuelle, présenter les activités de sa communauté, etc. Aujourd’hui, en un clic sur Internet, on peut faire cette connaissance très rapidement.
Mais peut-on aller plus loin ?
Des conférences-débats, en interrogeant l’autre avec exigence mais sans polémique, permettent de voir à la fois les similitudes et les différences. Il convient alors de bien préciser de quoi on parle car chaque religion se révèle très hétérogène avec des courants, des mouvements, des théologies, des auteurs qui s’expriment, etc, pouvant être non seulement divers mais parfois/souvent contradictoires ! Les débats peuvent se faire avec des représentants officiels des divers communautés, ou encore avec des personnalités individuelles qui disent « je » et qui n’engagent alors qu’elles-mêmes.
Au terme de tels débats, des pistes peuvent éventuellement se dégager pour aller plus loin : au sein d’une même religion, des inter-communions possibles (reconnaissance réciproque des baptêmes, des sacrements et de rites, des échanges de prédicateurs, etc.) et des reherches œcuméniques visant à des réunifications d’Eglises. La Traduction œcuménique de la Bible (TOB) est un bon exemple de cet effort unitaire puisqu’elle est avalisée à la fois par les catholiques, les orthodoxes et les protestants ; le Conseil œcuménique des Eglises (COE) réunissant Eglises orthodoxes, protestantes, évangéliques indépendantes, kimbanguistes, etc., et où les catholiques ont un statut d’observateurs, agit aussi dans le même sens (à noter que, du fait d’une définition trinitaire du christianisme, les unitariens en sont exclus d’office). Toujours au sein d’une même religion ou encore entre religions différentes, les mêmes débats peuvent préciser les conditions dans lesquelles les fidèles peuvent prier séparément mais avec les mêmes intentions (la Semaine de l’unité entre chrétiens, dans le même lieu lors des rencontres d’Assise pour la paix dans le monde) ou encore tous ensemble (par exemple lors de pélerinages communs comme le sont les pélerinages islamo-chrétiens : au Vieux-Marché en Bretagne, lien, dans les pas d’Abd-el-Kader à Ambroise et ceux de saint François d’Assise à Paris, ou encore un pèlerinage marial au Liban).
Le vivre ensemble doit aussi mener à l’agir ensemble : pour la paix, pour le développement, pour les solidarités internationales et les causes humanitaires, pour lutter contre les discriminations, les mouvements de haine, etc.
Peut-on encore aller plus loin ?
Les religions ne pourraient-elles pas discuter de leurs méthodes de travail ? Les méthodes scientifiques pour reconstituer l’histoire afin de sortir les fondateurs de leur gangue légendaire, voire mythique ; de connaître la genèse des textes considérés comme « sacrés » et la façon de les étudier (lien) ; d’avoir une histoire la plus objective possible (et donc croisée aux sources étrangères), de leur développement et de leur diversification, etc.
A l’heure d’une culture des Droits de l’Homme, les religions ne pourraient-elles pas discuter entre elles du respect des valeurs humaines universelles : non discrimination raciale, ethnique, sexuelle ; respect des femmes, des enfants (lien), des animaux (lien), de l’environnement, etc. Les humanistes les attendent sur ce terrain (et au tournant !).
A l’heure de l’universel ne serait-il pas temps aussi de réfléchir à l’existence d’un Dieu effectivement universel, qui n’est plus celui des seuls Abraham, d’Isaac ou de Jacob et de leurs descendants, ou celui de Moïse, ou de Jésus, ou encore du Prophète Muhammad, mais un Dieu pour tous et qui est le même pour tous, au-delà de nos patrimoines religieux réciproques, des révélations auxquelles on croit, des langages naïvement anthropomorphiques, des attributs dont on l’affuble avec piété, etc.
A l’heure de l’universel n’est-il pas temps de tenir compte des avancées scientifiques qui font remonter la naissance de l’Univers à la déflagration énergétique du big-bang, qui bouleversent nos concepts sur le néant, sur le temps, etc.
Si nos patrimoines religieux peuvent contenir des intuitions comme des flashs et une façon mystique de se sentir en relation avec Dieu, les théologies religieuses et confessionnelles basées sur des révélations particulières s’avèrent aujourd’hui nettement insuffisantes pour traiter de la question de Dieu. Elles sont dépassées et nombreux sont ceux qui les considèrent comme partisanes et obsolètes. Une théologie moderne tenant compte des nouvelles connaissances doit être élaborée, en quelque sorte post-religions particulières. Pourquoi pas un groupe de travail avec des personnalités de tout bord, engageant leur propre pensée intellectuelle ?

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 11:07
Message de Michel ROUSSEL, envoyé le 1er novembre 2013 au groupe des correspondants de la Fédération des réseaux du Parvis
Bonjour
L'an dernier, le voyage que nous avions organisé pour le cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie a été un grand succès (40 participants). Nous avions alors axé ce déplacement sur les sites antiques, qualifiés comme étant parmi les plus beaux de la Méditerranée (Djamila, Timgad, Tipaza...), les paysages montagneux des Aurès, les villes d'Annaba, Constantine, Sétif, Alger, Batna,Tibhirine et une oasis (Bou Saada).

algerie_michel_roussel_deuxieme_voyage.jpg
A la demande de la plupart des participants, nous proposons un autre voyage du 26 septembre au 7 octobre 2014 (12 jours) avec cette fois en perspective le sud et ses villes mythiques, le désert et l'ouest du pays : Biskra - El Oued - Ghardaïa et les cités de la Pentapole (dont la plus ancienne El Ateuf remonte au 12ème siècle) - Laghouat - Djelfa et ses hauts plateaux - Tiaret - Mascara - Sidi Bel Abbes - Tlemcen, la perle du Maghreb et Oran. Pour ceux qui le souhaiteraient, une prolongation éventuelle sur Alger sera possible.
Comme en 2012, nous rencontrerons en soirée les communautés chrétiennes (évêques de Ghardaïa et d'Oran, curés et fidèles), musulmanes (communauté et soufis) et des personnalités (écrivains et responsables politiques). Je prendrai les contacts dès que le nombre d'inscrits confirmera ce voyage.
Pouvez-vous transmettre, s'il vous plait, ces informations aux membres de votre association qui seraient intéressés. Vous pouvez leur communiquer mes coordonnées pour tout renseignement (courriel) : 
Je vous joins, en annexe, le circuit et l'itinéraire sur carte. Cette dernière ne comprend pas l'étape d'El Kantara et Djelfa. Je travaille depuis plusieurs mois sur ce circuit et cette carte correspond à la  version précédent la définitive (8ème) que je vous soumets.
Le prix proposé comprend toutes les prestations y compris boissons et café et en dehors des achats personnels, aucune dépense supplémentaire ne sera à prévoir.
Merci et sentiments fraternels les meilleurs.
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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 14:35

eglise_protestante_unie_de_narbonne.JPGA l’initiative de l’Eglise protestante unie de Narbonne (ex ERF), un collectif d’une vingtaine de personnes de diverses communautés religieuses locales organise des rencontres inter-religieuses. D’abord, une fois par mois, un soir à 18h 30 ou 19 h, selon une formule de mini conférences-débats qui réunit généralement une soixantaine de personnes, suivi d’un repas tiré des sacs ou bien d’un verre de l’amitié selon le lieu et la communauté qui reçoit. A ces rencontres mensuelles s’ajoutent de grandes rencontres publiques ouvertes aux croyants et non croyants, sous la forme d’une table ronde : la première en janvier 2013 était une déclaration des diverses confessions présentes à Narbonne sur leurs conceptions du" Vivre ensemble dans la société d'aujourd'hui" (il y eut 200 personnes dans l'assistance), la deuxième est prévue le 7 novembre à la salle des fêtes du Palais du travail, à 18h30 : "Pourquoi le dialogue inter-religieux est-il nécessaire ?". Il y aura deux intervenants principaux : un catholique et une musulmane, puis réponse des autres communautés représentées et dialogue avec la salle.
Il s’agit d’abord de se connaître et de se reconnaître différents, d’être capable de débattre en rencontre publique avec comme enjeu le vivre ensemble dans la société d’aujourd’hui. A plus long terme, pourquoi pas prier ensemble ?

Calendrier des prochaines réunions mensuelles
Jeudi 28 novembre, 18h30- 20h30 : « Qu’est-ce que le Baha’isme »,
Jeudi 23 janvier, 18h30 - 20H30 : «  Qu’est-ce que la Réforme protestante »
Suggestions : Qu’est-ce que le bouddhisme ? (en février) ; Qu’est-ce que le catholicisme romain ? (en mars).

Le collectif se réunira le jeudi 5 décembre à 18h30 au temple protestant pour faire le bilan de l’année.
Contact : Georges d’Humières (lien)

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 10:59
michel_roussel_portrait_serre.jpgNé janvier 1945, Michel Roussel a été proviseur de lycées et collèges pendant 18 ans et assesseur au juge pour enfants durant 16 ans. Ayant vécu deux ans à Alger, de 1970-72, il s'intéresse à ce pays et plus largement aux pays musulmans du Maghreb et du Moyen-Orient. Il est membre de l'Association France-Algérie. Il prône le dialogue inter-religieux au sein des Amitiés islamo-chrétiennes et des Amitiés islamo-unitariennes.
Il milite par ailleurs à  l'association chrétienne de David et Jonathan. Il est toujours très présent dans la mouvance animée par la Fédération des réesaux du parvis après avoir été plusieurs années au bureau exécutif de cette instance.
Il adresse souvent à ses amis et à tous ceux qui veulent des messages d'information sur l'Algérie, les activités culturelles relatives aux civilisations arabes et musulmanes, etc. N'hésitez pas à vous inscrire sur ses "listes" de destinataires en précisant vos centres d'intérêt, contact de la Correspondance unitarienne qui transmettra.

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 09:26

UNE SEMAINE A TUTOYER ALGER,

texte reçu le 27 septembre 2013 par la Correspondance unitarienne. Par mesure de discrétion, les prénoms des partenaires algériens de ce voyage ont été réduits à leur première lettre, sauf célébrités . En 2012, dans le cadre de la Fédération des réseaux du parvis, Michel Roussel (lien), avait organisé un voyage de groupe à l'occasion du 50ème anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie - le 5 juillet 1962 (lien). Cette fois-ci, il s'agissait d'une rencontre entre les deux groupes français et algérien d'Abu Nuwâs/Nawas (lien).
michel_roussel_portrait.JPGPar où commencer pour vous raconter notre séjour à Alger. Evidemment comme toujours, par l’accueil et la chaleur des Algériens que vous avez pu apprécier l’an dernier. Dès l’aéroport, nous avons été réceptionnés par H. (vous vous souvenez certainement qu’il  habite Djelfa à 200 kilomètres de la capitale). Il avait réquisitionné M. pour nous convoyer les premiers jours et nous inviter (bien entendu comme d’hab. dans ces pays, impossibilité absolue de sortir notre porte-monnaie). Tout de suite, c’est devenu un ami chaleureux et indispensable, même si je connais assez bien cette ville fascinante à tous points de vue. Dans nos pérégrinations, Algérois et Algéroises  nous devançaient  souvent pour nous indiquer le chemin, au point qu’on faisait semblant de chercher, pour avoir le plaisir de faire connaissance.
Ensuite, le Centre d’études diocésain (les Algériens disent simplement le diocèse) où nous étions hébergés plus que chaleureusement – Merci au Père Guillaume et au Père Jean-Marie notamment - Laurent et moi. Serge, Gilles et Régine Thiriez logeaient à la maison diocésaine avec Christiane que vous ne connaissez pas. M. et  R., hors voyage étaient aussi à Alger à l’hôtel Samir.
C’est un haut lieu de réflexion où se retrouvent  quelques  jeunes étudiants  venus d’un peu partout (pendant notre séjour  des Anglais, des Allemands, une Française  vivant aux Etats-Unis, des Français et même une jeune algérienne participant au tournage d’un film. Tous travaillaient sur des domaines très pointus concernant l’Algérie (ex les bidonvilles en Algérie  ou l’influence des événements internationaux en Algérie entre 1880 et 1914).  Il est vrai que sa bibliothèque comprend 40 000 volumes. D’un âge plus avancé des laïques, des religieu(ses) étudiant l’arabe (2 cours dialectal et moderne).
Nous avons mangé à la table de l’ancien archevêque d’Alger, le père Henri (Tessier). Laurent a même eu le privilège de faire la vaisselle avec lui.
Quant à nos amis à la maison diocésaine, ils mangeaient à la table de l’actuel archevêque d’Alger, Mgr Bader, mais avec lui  aussi tutoiement et marques d’empathie  étaient de rigueur. Autre lieu, autre Eglise, plus proche des origines où on ne faisait pas alors bombance dans des palais épiscopaux.
Nous avons aussi déjeuné avec Nacera, une archéologue algérienne que j’ai reconnue, elle avait participé au colloque Saint-Augustin à Paris en 2003, ainsi qu’avec Barkahoum, la fondatrice du musée « Etienne Dinet » que nous avons visité l’an dernier et qui est la sœur d’une collègue professeur d’un lycée que j’ai dirigé et enfin une architecte algérienne urbaniste qui venait de remettre un rapport pour un projet de rénovation du patrimoine colonial dans le quartier de la place Abdelkader. Des rencontres inattendues et plus qu’intéressantes.

LES AUTRES RENCONTRES

Je suis d’abord allé, grâce à M., à la maison que j’avais habitée à Alger durant 2 ans en 1970/72.
Pimpante, elle était fraichement ravalée. Moment d’émotion ensuite à EL Biar où la belle église néo-mauresque que je fréquentais chaque dimanche (avant d’aller chercher des pâtisseries dans une boutique qui existe toujours) a été transformée en Centre Culturel. Le Front islamique du salut (FIS) qui l’a occupée pendant plusieurs années n’a touché à rien, pas même aux vitraux religieux sur la vie des saints. Le directeur du centre nous a chaleureusement reçus et m’a offert (ainsi qu’à Serge qui a habité le quartier avant 62) un superbe livre sur « El Biar, l’ensorceleuse d’Alger » avec de belles planches anciennes.
Le vendredi, nous avons rencontré D. (il arrivait de la grande prière du vendredi), N. et O. Ils m’ont chargé de vous transmettre leur plus cordial souvenir. Nous avons parlé du voyage 2014. A. lui avait envoyé mon projet qu’il a trouvé intéressant et bien équilibré.
Nous sommes aussi allés chez Naïma, une éditrice qui nous a fait visiter sa maison d’édition et a offert un livre à chacun.
Le vendredi matin, nous avons assisté à une célébration à la grandiose cathédrale moderne du Sacré-Cœur : 5 célébrants et 6 fidèles (les difficultés de stationnement font que ce sont les chapelles de la périphérie qui sont fréquentées, au même moment il y avait plus de 100 personnes à la messe de la maison diocésaine)  dont un Algérien en attente de baptême, une étudiante du Zimbabwe, une sœur.
Cette belle cathédrale a été inaugurée en 1966. Il avait bien fallu abandonner en 62, la cathédrale Saint-Philippe, en réalité mosquée Ketchaoua que les autorités coloniales s’étaient appropriées sans vergogne dès les débuts de l’invasion, mais en plus avaient considérablement détériorée.  Ceci dit, compte tenu des destructions opérées alors (sur plus de 100 mosquées, 12 sont restées debout), c’est peut-être ce qui l’a sauvée.
La nouvelle est impressionnante (35 mètres), symbolisant une tente, sur l’axe de l’ex rue Michelet (Didouche Mourad aujourd’hui), les champs Elysées d’Alger (qui comprennent aussi  dans le prolongement l’ex rue d’Isly, aujourd’hui Ben Mhidi), mais le parvis n’a jamais été réalisé. A la place une station d’essence. Les responsables catholiques ont pensé qu’ainsi les autorités politiques ne prendraient pas ombrage d’une telle cathédrale dans cette avenue prestigieuse.
L’intérieur est saisissant, avec une immense coupole et des vitraux circulaires de toute beauté. On y voit un coffre donné par les moines de Tibhirine 11 jours avant leur enlèvement et un lutrin offert par Napoléon III (même cadeau qu’à l’église de Saint-Servan à Saint-Malo).
Le samedi matin rencontre attendue et déjeuner avec nos ami(e)s du Groupe Abu Nawas d’Alger, qui étaient 4 garçons et 3 filles. Moments d’amitié fraternelle et de grand bonheur pour nous. On ne peut qu’admirer leur courage, non seulement ils sont sans doute étroitement surveillés, mais en plus on tremble de penser qu’ils pourraient un jour servir à donner des gages aux islamistes, certes pour l’instant peu nombreux en Algérie et tapis dans l’ombre, mais on ne sait pas ce que réserve l’avenir.
L’après-midi, nous avons participé à une grande cérémonie à Notre Dame d’Afrique, lalla Meriem (mademoiselle Marie) ou Madame l’Afrique pour les musulmans, pour assister aux vœux de Ricardo un jésuite mexicain. Moments forts avec une célébration en arabe, français et espagnol. Une partie du clergé algérien était présente et une importante participation des musulmans et musulmanes qui, à la demande de Ricardo, ont ponctué la  cérémonie de you-you retentissants.
Nous avons été invités à un pot gargantuesque, grâce aux gâteaux confectionnés non seulement par les paroissiennes, mais aussi par les amies musulmanes.
A cette occasion, nous avons revu et trinqué avec le père Paul, évêque de Constantine qui nous avait consacré une soirée l’an dernier,  ainsi qu’avec un de nos amis musulman, membre du « Ribat as salam », le  lien de paix créé par le frère Christian, prieur de Tibhirine et qui se poursuit (c’est un peu l’équivalent de notre groupe islamo-chrétien).
Mon portable s’étant bloqué,  le rendez-vous avec Karim Amitti (présentateur de l’émission Culture-Club sur Canal Algérie) et avec un chef de division de la chaîne qui nous avait gentiment abordé alors que nous étions devant le siège de la télévision algérienne, n’a pu se faire.

LES GRANDES VISITES :

D’abord les magnifiques palais ottomans, restaurés avec soin les uns après les autres. En premier lieu le Bastion 23 dont je vous ai déjà entretenu.  Sauvé de la destruction radicale de la basse Casbah par les autorités coloniales, parce qu’occupé par l’armée. Squatté, il devait être démoli et a été sauvé à la dernière minute à la fin des années 90. C’est un ensemble qui donne une petite idée de ce qu’était cette basse Casbah et ses remparts, siège du commerce et de l’administration. Il comprend 3 palais avec des carreaux de mosaïques rares, de remarquables plafonds peints et 6 maisons de pêcheur. On déambule dans ces superbes pièces et patios, avec des échappées sur la mer.
Les 2 musées de la Casbah (art et traditions populaires et miniatures) outre l’intérêt de leurs collections sont aussi de beaux palais ottomans (plusieurs autres sont en restauration). Nous en avons profité pour retourner au mausolée et à la mosquée de Sidi Abderrahmane, le saint patron d’Alger où viennent se recueillir les Algérois (et surtout les Algéroises qui déposent des bougies dans une niche réservée, en faisant un vœu).
Le musée du Bardo (où Camille Saint-Saëns a donné des concerts) vient lui de rouvrir après une restauration particulièrement soignée, c’est un des plus grands palais et il domine la ville. Tout près le musée des Antiquités et des Arts islamiques, également palais ottoman avec jardin, contient des collections uniques avec de splendides mosaïques et le minbar (chaire à prêcher) de la Grande Mosquée almoravide de 1097.
A ce propos, grâce à M., nous avons pu la visiter complètement.  Elle date de cette époque, mais a été profondément remaniée, y compris par les autorités coloniales qui lui ont ajouté une galerie d’arcades prélevées sur une ancienne mosquée qu’on venait de détruire.
Revenons aux palais ottomans. Nous avons visité la villa Abdel-Tif, résidence d’été qui avant d’être une résidence d’artiste au début du 20ème avait été hôpital militaire lors de la conquête, également bien restaurée avec une vue imprenable de sa terrasse, sur l’étonnant jardin d’essai que nous avons revu avec plaisir. Il a été bien réaménagé (sur près de 10 ans), c’est surement un jardin exotique unique.  Le premier film sur Tarzan y a été tourné en 1932, tant la végétation est luxuriante. La mairie de Paris coopère à l’entretien. Seul le zoo à l’ancienne avec de beaux animaux encagés est incongru.
Le Musée de l’armée qui part de l’époque numide était fermé le dimanche. Nous nous sommes rabattus sur le musée des Moudjahiddin (martyrs) plus intéressant qu’on ne le dit. Il commence à l’époque d’Abdelkader et rythme la conquête pour arriver à la guerre de libération. Nous avons eu un guide remarquable et l’ensemble est moins manichéen qu’on pourrait le supposer. Au-dessus l’impressionnant monument des Martyrs qui surplombe la ville de ses 92 mètres depuis 1992 et permet une vue imprenable sur un des plus belles baies du monde (n’en déplaise à nos chers Malouins).
Le musée des beaux-arts réunit des tableaux de peintres connus, mais surtout une galerie consacrée au miniaturiste Mohamed Racim (assassiné dans les années 70) et quelques tableaux d’Etienne Dinet.
Je n’ai pas pu visiter le Musée d’art moderne qui n’ouvrait qu’à 11 h. Un bel exemple de l’architecture néo-mauresque du début du 20ème où j’allais acheter des babioles du temps des Galeries algériennes qui avaient succédé aux Galeries de France, avant sa transformation en musée, il y a quelques années. 
En revanche, nous sommes allés à la Grotte de Cervantès. Il y est resté plusieurs mois, attendant un hypothétique bateau, esclave il s’était évadé. En 5 ans, il se serait enfui 4 fois avant d’être enfin racheté, il est vrai que célèbre, on en demandait beaucoup d’argent.
Enfin, nous avons emprunté le métro spacieux et confortable, mais aussi la longue ligne du tram  ultramoderne de 5 voitures, jusqu’à Bordj el Kiffan (ex Fort de l’Eau) et même 2 des 4 téléphériques qu’Alger compte désormais.
Tout cela est bien descriptif, me direz-vous et ne traduit guère l’ambiance particulière et le souffle qui anime cette capitale  hors du commun, que nous n’avions fait qu’effleurer l’an dernier. Quand on aime une ville, on se devrait d’être plus lyrique, mais si vous trouvez cela un peu sec, alors prenez vite un billet d’avion pour Alger. Vous ne le regretterez certainement pas.

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