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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 15:40

Histoire au XX° et XXI° siècle


À partir de 1915 et en pleine Première guerre mondiale, les Yézidis protégèrent les chrétiens arméniens et assyriens qui, poursuivis par les Turcs, se réfugiaient dans le djebel Sindjar. Ils en accueillirent environ 30 000 jusqu’en 1918. En février 1918, ils refusèrent de livrer les persécutés et les défendirent contre les Turcs qui avaient envoyé des contingents dans le Sindjar. Ils menèrent de durs combats, mais inférieurs en effectifs et mal armés ils furent battus près de Balad. Ils se réfugièrent dans les montagnes avec les chrétiens. Délivrés par les Anglais du joug ottoman, ils acceptèrent de reconnaître comme chef Hemo Soro, choisi par leurs libérateurs.

En 1933, les Yézidis du Sindjar optèrent non pas pour la Syrie mais pour l’Irak indépendant. En 1934 se posa le problème du service militaire dont ils étaient dispensés depuis 1849 par décret ottoman. Ils demandèrent à Bagdad non pas l’exemption du service militaire mais la constitution d’une unité spéciale yézidie. Le gouvernement irakien, désireux d’unifier le pays, d’assimiler peuples et communautés en un seul peuple doté d'une seule religion, l’islam sunnite, refusa net. Il y eut une révolte contre le régime de Bagdad à Sindjar et tout le territoire habité par les Yézidis. Cette révolte, menée par Daoude Daoud, cheikh yézidi du Mihirkam, fut partiellement suivie par les autres tribus. Bagdad envoya pour des représailles le général Bakr Sidqi, avec une colonne. La répression fut sanglante dans tout le Sindjar, des villages incendiés, 2 000 prisonniers déportés vers le sud et deux notables chrétiens qui avaient soutenu Daoude Daoud furent pendus à Mossoul. Après plusieurs mois de combat, dans la nuit du 12 au 13 octobre, le chef Daoude Daoud fut défait. Blessé, il s’enfuit en Syrie où il fut interné. En 1936 le gouvernement irakien décréta une amnistie ; les révoltés yézidis purent revenir chez eux. Daoude Daoud rentra en Irak, fut conduit au village de Sanate, dans le nord du pays, et y vécut en reclus.
Sous le régime de Saddam Hussein, les Yézidis souffrirent d’une politique d’arabisation. Souvent unis aux peshmergas, combattants kurdes, ils luttèrent contre les troupes baassistes. Plusieurs villages yézidis furent alors détruits.
Depuis 2003 et la chute de Saddam Hussein, le gouvernement autonome du Kurdistan reconnaît cette communauté. Il valorise la participation des Yézidis à la résistance kurde contre l’oppression du régime de Bagdad. Il voit en eux une ethnie kurde. Le droit des Yézidis de pratiquer leur culte est reconnu par la nouvelle Constitution irakienne et par la Constitution du Kurdistan fédéral. Ils sont représentés au parlement et ont deux ministres.

Malgré leur volonté de rester à l'écart des violents conflits confessionnels et politiques qui ensanglantent une grande partie de l'Irak, les relations avec les communautés sunnites voisines se sont gravement détériorées. Le 14 août 2007, la communauté yézidie a été la cible de quatre attentats suicides faisant plus de 400 morts dans la province de Ninive. Ils faisaient suite à une série d'incidents commençant par la lapidation par les membres de sa communauté, dont des membres de sa famille, le 7 avril 2007, de Du’a Khalil Aswad, une adolescente yézidie qui se serait convertie à l'islam pour épouser un musulman. Cette attaque a été l'une des plus meurtrières qu'ait connu l'Irak depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003. C'est également la série d’attentats la plus meurtrière au monde depuis ceux du 11 septembre 2001 aux États-Unis.
Les massacres de Sinjâr : Le 4 août 2014, pendant la guerre d'Irak, la ville de Sinjâr tombe aux mains des djihadistes de l'État islamique (ex-EIIL), à l'issue d'une brève bataille contre les Peshmergas. Des dizaines de milliers de Yézidis fuient alors la ville et les villages environnants pour se réfugier au Kurdistan irakien. Mais lors de l'exode, environ 600 civils sont massacrés et des centaines d'autres sont enlevés entre le 3 et le 15 août.

Géographie de leur peuplement

En Irak, ils sont 600 000, essentiellement dans la région du Kurdistan autonome, qui est leur berceau historique.
En Syrie, la communauté yézidie compte environ 150 000 personnes, essentiellement installés sur la frontière irakienne, au nord-est, en continuité donc avec leur région d’origine.
En Turquie, les Yézidis vivent dans le sud-est du pays, plus particulièrement dans la région d'Urfa-Viransehir. Mais leur nombre a diminué depuis les années 1970, où la communauté comptait 80 000 personnes : 23 000 en 1985, 423 seulement selon le recensement de 2000 et finalement 377 en 2007 (dont Urfa 243, Batman 72, Mardin 51, Diyarbakır 11 personnes).
Dans le Caucase (Arménie, Géorgie) et dans la région de Van, soit environ 180 000.
Ils ont immigré jusqu’en Europe, surtout en Allemagne (50 000 personnes) et en Suède (20 000 personnes). Egalement en Amérique du Nord, aux Etats-Unis et au Canada.
Voir aussi un résumé de l'exposé "Les Yézidis d'Arménie et de Géorgie" fait à l'École des hautes études en sciences sociales, en février 2003, dans le cadre du séminaire de Claire Mouradian : "Le Caucase entre les empires" par Lucine Brutti-Japharova, Docteur en lettres à l'INALCO, (lien)

sources documentaires

yezidis_joachim_menant.jpgL’une des premières références connues sur les Yézidis est le Livre de la Gloire, appelé Chronique des Kurdes, de Sheref ed-Din Khan, écrit en 1597. Cet émir de Bitlis (près du lac de Van, en Turquie) fait mention de sept grandes tribus kurdes, qui auraient été à un moment ou à un autre entièrement ou principalement yézidis.
Missionnaire dominicain, Maurizio Garzoni (v. 1730-1790) arriva à Mossoul en 1762 puis s’installa à Amedi. Il constata que le Kurde était la langue de communication régionale comprise par musulmans et chrétiens, alors que les Nestoriens parlaient le soureth, les Jacobites un dialecte syriaque et les Arméniens l’arménien. Sur la base du dialecte kurmandji parlé à Amedi, il édita, en 1787, la première grammaire kurde : la Grammatica et vucabulario della lingua Kurda. À la fin de sa grammaire est annexé un dictionnaire italo-kurde d’environ 4 600 mots. Il rédigea également une Notice sur les Yésidis.
Dans la deuxième moitié du XIX° siècle, le vice-consul français de Mossoul M. Siouffi démontrait, contre l’opinion des nestoriens locaux, que le Cheikh Adi était musulman, et non l’apôtre chrétien Addaï. À la même époque, le professeur A. H. Layard étudie sérieusement cette communauté, et ouvre la voie aux études ultérieures. Son nom est resté comme celui du premier savant s’étant penché sur l’étude des Yézidis. En Irak, des Yézidis ont publié un recueil de textes issus de la tradition orale des Yézidis, en particulier de leur caste religieuse nommée Qewels. En URSS est cité le livre de deux auteurs yézidis, O. et J. Jelil : publié en 1978 chez Kurdski folklor. Les principaux ouvrages actuels de référence sont ceux de Ph. G. Kreyenbroek (Yezidism : Its Background, Observances and Textual Tradition, The Edwin Mellen Press,‎ 1995) et de J. S. Guest, The Yezidis, Londres, KPI,‎ 1987). Ces derniers auteurs insistent sur le fait que les Yézidis ne constituent pas une communauté compacte, mais des communautés dispersées, chacune méritant une étude particulière.

En illustration : Joachim MenantLes Yézidis, adorateurs du diable, réédition en 2010 à Claude France Éditions (lien). Le titre reprend le contre sens (et le mépris) des musulmans obscurantistes sur cette religion.

Consultés sur Internet et en français


« Yézidisme », article de Wikipedia (lien).
« Qu’est-ce que le Yézidisme », identiques au début de l’article sur Wikipedia (lien).
« Les Yézidis, adorateurs du diable », 2001, article de Jean-Paul Roux, directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien professeur titulaire de la section d'art islamique à l'École du Louvre, publié dans « Clio » en 2014 (lien).
« Les Yézidis d'Arménie et de Géorgie » par Lucine Brutti-Japharova, docteur en lettres à l'INALCO, communication à l'École des hautes études en sciences sociales, en février 2003, (lien) dans le cadre du séminaire de Claire Mouradian : "Le Caucase entre les empires".
Roger Lescot, Enquête sur les Yézidis de Syrie et du Djebel Sindjar, Beyrouth, Librairie du Liban,‎ 1975 (lien) ou encore (lien).

"Ma visite aux Yézidis du nord de l'Irak" (en septembre 2006), par Ephrem-Isa YOUSIF *, publié par l'auteur sur son blog "Sanat, village ; histoire et culture des chrétiens de Mésopotamie : Syriaques, Assyriens et Chaldéens". (lien). A servi de base pour l'article de Wikipedia.

* Originaire de Sanate, un village assyro-chaldéen du nord de l’Irak, il est l’auteur de plusieurs livres sur la Mésopotamie et sur la culture syriaque. Diplômé de l’université française où il obtint deux doctorats, en Philosophie et en Civilisations, il a enseigné la philosophie pendant des années à Toulouse. Aujourd’hui, il donne des cours et des conférences dans diverses régions. Il est directeur de deux collections, La libre parole et Peuples et cultures de l’Orient aux éditions l’Harmattan. Voir sa page sur Facebook (lien).

"A la rencontre du peuple Yézidi d’Irak", par le photographe Jonathan Pasqué en 2014 (lien).

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