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6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 10:26

Le dialogue inter-religieux se fait entre mouvances religieuses cohabitationnistes, c’est-à-dire qui acceptent le pluralisme religieux. Ceci implique un art du vivre ensemble, une idée libérale selon laquelle Dieu est le même pour tous mais que ce sont les cultures qui diffèrent (le nom de Dieu selon sa langue, les fêtes religieuses, le prophète que l’on suit, etc.), et une absence de prosélytisme tapageur et hégémonique.

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Cela commence par une convivialité de voisinage : lors des fêtes, aller donner des cadeaux aux voisins d’une autre religion ou encore les inviter aux repas familiaux ou de communauté, ou encore inviter les autres autorités religieuses à une célébration à l’occasion d’une fête, d’une ordination ou nomination, d’un décès, d'une catastrophe, etc. Cela peut se poursuivre par des informations réciproques : exposer aux autres sa religion dans un climat de compréhension mutuelle, présenter les activités de sa communauté, etc. Aujourd’hui, en un clic sur Internet, on peut faire cette connaissance très rapidement.
Mais peut-on aller plus loin ?
Des conférences-débats, en interrogeant l’autre avec exigence mais sans polémique, permettent de voir à la fois les similitudes et les différences. Il convient alors de bien préciser de quoi on parle car chaque religion se révèle très hétérogène avec des courants, des mouvements, des théologies, des auteurs qui s’expriment, etc, pouvant être non seulement divers mais parfois/souvent contradictoires ! Les débats peuvent se faire avec des représentants officiels des divers communautés, ou encore avec des personnalités individuelles qui disent « je » et qui n’engagent alors qu’elles-mêmes.
Au terme de tels débats, des pistes peuvent éventuellement se dégager pour aller plus loin : au sein d’une même religion, des inter-communions possibles (reconnaissance réciproque des baptêmes, des sacrements et de rites, des échanges de prédicateurs, etc.) et des reherches œcuméniques visant à des réunifications d’Eglises. La Traduction œcuménique de la Bible (TOB) est un bon exemple de cet effort unitaire puisqu’elle est avalisée à la fois par les catholiques, les orthodoxes et les protestants ; le Conseil œcuménique des Eglises (COE) réunissant Eglises orthodoxes, protestantes, évangéliques indépendantes, kimbanguistes, etc., et où les catholiques ont un statut d’observateurs, agit aussi dans le même sens (à noter que, du fait d’une définition trinitaire du christianisme, les unitariens en sont exclus d’office). Toujours au sein d’une même religion ou encore entre religions différentes, les mêmes débats peuvent préciser les conditions dans lesquelles les fidèles peuvent prier séparément mais avec les mêmes intentions (la Semaine de l’unité entre chrétiens, dans le même lieu lors des rencontres d’Assise pour la paix dans le monde) ou encore tous ensemble (par exemple lors de pélerinages communs comme le sont les pélerinages islamo-chrétiens : au Vieux-Marché en Bretagne, lien, dans les pas d’Abd-el-Kader à Ambroise et ceux de saint François d’Assise à Paris, ou encore un pèlerinage marial au Liban).
Le vivre ensemble doit aussi mener à l’agir ensemble : pour la paix, pour le développement, pour les solidarités internationales et les causes humanitaires, pour lutter contre les discriminations, les mouvements de haine, etc.
Peut-on encore aller plus loin ?
Les religions ne pourraient-elles pas discuter de leurs méthodes de travail ? Les méthodes scientifiques pour reconstituer l’histoire afin de sortir les fondateurs de leur gangue légendaire, voire mythique ; de connaître la genèse des textes considérés comme « sacrés » et la façon de les étudier (lien) ; d’avoir une histoire la plus objective possible (et donc croisée aux sources étrangères), de leur développement et de leur diversification, etc.
A l’heure d’une culture des Droits de l’Homme, les religions ne pourraient-elles pas discuter entre elles du respect des valeurs humaines universelles : non discrimination raciale, ethnique, sexuelle ; respect des femmes, des enfants (lien), des animaux (lien), de l’environnement, etc. Les humanistes les attendent sur ce terrain (et au tournant !).
A l’heure de l’universel ne serait-il pas temps aussi de réfléchir à l’existence d’un Dieu effectivement universel, qui n’est plus celui des seuls Abraham, d’Isaac ou de Jacob et de leurs descendants, ou celui de Moïse, ou de Jésus, ou encore du Prophète Muhammad, mais un Dieu pour tous et qui est le même pour tous, au-delà de nos patrimoines religieux réciproques, des révélations auxquelles on croit, des langages naïvement anthropomorphiques, des attributs dont on l’affuble avec piété, etc.
A l’heure de l’universel n’est-il pas temps de tenir compte des avancées scientifiques qui font remonter la naissance de l’Univers à la déflagration énergétique du big-bang, qui bouleversent nos concepts sur le néant, sur le temps, etc.
Si nos patrimoines religieux peuvent contenir des intuitions comme des flashs et une façon mystique de se sentir en relation avec Dieu, les théologies religieuses et confessionnelles basées sur des révélations particulières s’avèrent aujourd’hui nettement insuffisantes pour traiter de la question de Dieu. Elles sont dépassées et nombreux sont ceux qui les considèrent comme partisanes et obsolètes. Une théologie moderne tenant compte des nouvelles connaissances doit être élaborée, en quelque sorte post-religions particulières. Pourquoi pas un groupe de travail avec des personnalités de tout bord, engageant leur propre pensée intellectuelle ?

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