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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 14:46

suite de l'article précédent


Peu de temps après mon arrivée à Tucson en 1978, je fus accablé de problèmes. Ma femme était tombée gravement malade et nous avions la charge de deux jeunes enfants. En plus, je faisais un cours supplémentaire (j’étais professeur d’anglais) pour gagner un peu plus, mais un de mes collègues a décidé de partir faire un stage ailleurs et, au dernier moment, on a du diviser ses cours. L’année scolaire a commencé et je me suis retrouvé avec sept classes différentes ! Ma femme et moi, nous étions très loin de notre famille d’origine et il n’y avait pas assez de temps pour se faire des amis. Par conséquent, je me noyais.

 

Une collègue Tohono o’odham est venue me voir dans mon bureau afin d’évaluer le progrès de tous mes étudiants amérindiens. On ne se connaissait pas très bien, mais entre nous, il y avait une sympathie tout à fait naturelle. Elle a observé que étais très stressé et elle m’a dit avec une très grande délicatesse que je devais en parler au Frère aîné, I’itoi. Elle m’a conseillé de me promener dans le désert, de m’asseoir en face d’un cactus saguaro (cactus gigantesque) avec qui je me sentirai lié par un rapport naturel et de lui en parler. Etais-je si désemparé, si désespéré ? J’ai suivi ses conseils et c’est de cette façon que j’ai fait la connaissance de I’itoi, le frère aîné des Tohono o’odham et des Tohono akimel, celui qui protège et, souvent paraît-il, taquine son peuple !


En ce temps là, la terre restait inachevée. L’obscurité s’allongeait sur l’eau, s’accouplant avec elle tout le temps. Les deux faisaient un bruit qui ressemblait au clapotis qu’on entend sur la berge d’un étang. Et sur l’eau, dans l’ombre, dans ce bruit continu, et sous un vent fort, un enfant naquit. Un jour, il se leva et trouva des algues collées à sa peau. Il prit un peu de ces algues et en fit des termites. Les termites cueillirent beaucoup d’algues que l’enfant confectionna pour en faire un siège que le vent ne puisse soulever. Il se mit sur le siège et chanta : "Je suis l’Homme médecin de la terre qui termine son travail / Approche-toi et vois-là ce que je fais"


Ensuite, le Premier (= l’enfant) créa les animaux et les plantes. Mais il n’y avait pas encore de lumière si bien que les premiers gens se réunirent et demandèrent à l’Homme médecin de la terre de faire quelque chose pour que les gens puissent se voir et vivre heureusement ensemble. Le Premier créa quelque chose et il demanda aux gens de le nommer. Ils dirent, « C’est le soleil. ». Et puis il fit la lune et les étoiles et leurs suites. Il créa les figues de barbarie et dit que le peuple serait ainsi toujours content.


Et le Premier partit. Le ciel descendit et rencontra la terre et la première personne qui descendit fut I’itoi, notre frère aîné. Le ciel rencontra la terre et le coyote apparut. Encore une fois, le ciel rencontra la terre et la buse se présenta. Le Frère aîné et le coyote commencèrent leur travail de création. I’itoi fit des gens avec de l’argile, mais l’argile ne s’harmonisa guère avec l’eau qu’il y avait sous la terre et le Frère aîné amena son peuple à l’air libre, au travers d'une crevasse. Ils sortirent donc des entrailles de la terre et atterrirent sur la montagne Baboquivari [ndlr = pic montagneux du côté de Sells, au sud-ouest de Tucson], nombril de notre monde. I’itoi leur dit qu’il leur donnera la meilleure des terres et des couchers de soleil rouge. Il leur ordonna de rester là sur leur terre, au centre de tout.

 

ROY acrylic Sunset Over Baboquivari

le Baboquivari (2356 m), montagne sainte des Tohono O'odham, acrylique de Roy (lien)

 

Cette histoire nous apprend beaucoup. D’abord l’acte créateur dépend du son. Quand quelque chose se fait, on dit un nom ou on chante. Voila le pouvoir transformateur du son.


Quoique ce monde soit beau et parfait pour le peuple, il y a néanmoins d’autres aspects nécessaires pour l’équilibre. Le coyote représente une énergie de tricheur ou de l’ombre si on utilise les termes jungiens. Cette tendance correspond bien au symbolisme du renard dans le Roman de renard. Et la buse, grand oiseau noir qui se nourrit de cadavres correspond à la dissolution de la vie. Alors si I’itoi crée un monde parfait, cette perfection comprend un mélange dynamique de diverses tendances.


Et puis la route n’est pas tout à fait directe. Le peuple se trouve créé dans un monde aquatique et souterrain où il a du mal à se tirer d’affaire. Puis il lui faut monter vers le ciel, passer par un trou, se voir au sommet d’une montagne et enfin descendre. A chaque étape il y a des défis à surmonter et on ne voit jamais où chaque étape va aboutir. Mais la fin est heureuse !

  à suivre ...

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