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2 août 2013 5 02 /08 /août /2013 09:50

la_haye_palais_de_la_paix_hugo_grotius_P1012440.JPGHugo Grotius (1583-1645), de son nom d'origine Huig de Groot ou Hugo de Groot, est un juriste des Provinces-Unies (aujourd'hui Pays-Bas), né à Delft et ayant fait ses études à l’université de Leyde.

Portrait par Michiel Jansz van Mierevelt (1631).
Avocat, il a été conseiller de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et écrit en 1604 à la requête de celle-ci, désireuse d’établir juridiquement son droit de capture sur les navires ennemis, De iure praedae (Sur le droit de capture) ; puis en 1609, Mare liberum (Les Mers Libres), un droit de la mer où il affirme la liberté de commerce contrairement à l’Angleterre qui, elle, s’aménage une zone côtière liée à sa souveraineté. Ce pays adoptera la loi de navigation en 1651, interdisant à toutes les marchandises d'entrer en Angleterre sauf sur des bateaux anglais. Il s’ensuivra la Première Guerre anglo-néerlandaise (1652-1654).


Grotius soutint Johan van Oldenbarnevelt et les États généraux des Pays-Bas dans leur conflit avec le stathouder, Maurice de Nassau, Prince d'Orange, fils de Guillaume Ier d'Orange-Nassau. Il fut arrêté par Maurice, le 29 août 1618, en même temps que Johan van Oldenbarnevelt, lors du Synode de Dordrecht. Van Oldenbarnevelt fut exécuté, et Grotius fut condamné à l'emprisonnement à vie dans le château de Loevestein. En 1621, il s'évada du château dans une caisse de livres, et s'enfuit à Paris où il séjournera jusqu’en 1644 comme résident de Suède. Le roi Henri IV fut un grand admirateur de Grotius, et le présenta à sa cour, en disant « Voici le miracle de la Hollande ».


C’est donc en France qu’il écrivit en 1625 son œuvre la plus célèbre De jure belli ac pacis (Du droit de la guerre et de la paix). Il y affirme un État juste qui accepte une souveraineté limitée fondée sur le respect du droit naturel, lequel constitue un contrat moral entre toutes les nations.

 

Quelques concepts utilisés par l'auteur :
 

L’état de nature où c’est le plus fort qui l’emporte au mépris des autres.
Le droit naturel : la raison (la « droite raison ») nous fait connaître qu’ « une action est moralement honnête ou deshonnête selon la convenance ou la disconvenance nécessaire qu’elle a avec la nature raisonnable et sociable de l’homme ». La volonté de Dieu n’est pour lui qu’une manifestation indirecte dans la production normative, celle-ci émanant avant tout de la nature humaine et de son caractère sociable. Ce droit naturel est immuable, commun à toutes les époques et à toutes les régions.
Un contrat entre personnes libres : « Un corps parfait de personnes libres qui se sont jointes ensemble pour jouir paisiblement de leurs droits et pour leur utilité commune » est la définition de l'État selon Grotius. Il fonde sa thèse sur l’existence d’un contrat initial par lequel les hommes ont renoncé à l’état de nature. Il affirme que les lois sont à l’État ce que l’âme est au corps humain. L'État rassemble une multitude de créatures raisonnables unies pour les choses qu’elles aiment ; il a pour fonction d’assurer le respect des lois et d’organiser les tribunaux chargés de rendre ce qui est dû aux étrangers comme aux particuliers du pays. Ceci, bien en avance sur l'ouvrage que Jean-Jacques Rousseau publiera en 1762 : Du Contrat Social ou Principes du droit politique.

Le territoire ne constitue pas un élément de l’État, mais le contrat fondamental qui lie les individus à l’État interdit la cession d’une province sans le consentement des populations intéressées.
Le droit à la résistance : la violation de ce contrat social fondé sur le droit naturel entraîne un droit de résistance à l’oppression en faveur de ses sujets.
La guerre juste : Grotius évoque les guerres défensives destinées à protéger d'une agression la population et le patrimoine de l'État, et les guerres coercitives pour punir ceux qui violent le droit, à condition que la violation soit grave. Il admet sur le plan international le droit de guerre encadré par des normes qui n’autorisent que les guerres justes.
Le droit volontaire : alors que le droit naturel prescrit des modes de règlement pacifique des différends entre États, le droit volontaire provient d’une volonté qui peut être tantôt divine, tantôt humaine. Ce droit ne résulte pas d’une volonté qui serait supérieure à celle des États, mais de leur accord, de leur volonté convergente, issue de la coutume ou des conventions formelles. Les États sont tenus de reconnaître la primauté du droit naturel sur le droit volontaire.

Grotius écrivit plusieurs livres sur la religion : Defensio fidei catholicae de satisfactione (Défense de la foi chrétienne, 1617), De veritate religionis Christianae (Sur la vérité de la religion chrétienne, 1627), Via ad pacem ecclesiasticam (Le chemin vers la paix religieuse, 1642) , De imperio summarum potestatum circa sacra (Sur le pouvoir des souverains concernant les affaires religieuses, 1647), De fato (Sur le destin, 1648). Son apologie de la religion chrétienne écrite en 1627 et publiée en 1632, fut traduit du latin en anglais, arabe, persan et chinois par Edward Pococke en vue d'être utilisée pour le travail missionnaire en Orient, et resta éditée jusqu'à la fin du XIXe siècle. C'était le premier livre protestant dans l'apologétique chrétienne. Une partie du texte traitait de l'authenticité et du contenu des évangiles canoniques. D'autres sections de l'œuvre s'adressaient à d'autres religions, judaïsme et islam. Ce qui distinguait aussi cette œuvre dans l'histoire de l'apologétique était son rôle précurseur dans l'anticipation des problèmes exprimés dans le déisme du XVIIIe siècle. D'autre part, Grotius représente le premier praticien de l'apologétique légale ou juridique dans la défense de la croyance chrétienne.
Grotius a aussi développé un point de vue particulier du rachat des péchés par le Christ connu en tant que théorie du « gouvernement moral ». Le sens du sacrifice de la mort de Jésus est que le Père pardonne tout en maintenant sa loi juste sur l'univers. Cette idée, développée ultérieurement par des théologiens tels que John Miley, devint le point de vue dominant dans l'arminianisme et le méthodisme.


Toutefois, bien que faisant partie de l’aile arminienne dans les années 1617*, il prit ses distances d’avec les thèses du socinianisme en écrivant une réfutation : De Satisfactione Christi … à laquelle répliquèrent en 1623, les sociniens de Rakow, sous la plume de Jean Crell, lequel publia à Lunebourg, Responsio ad librum Hugonis Grotii quem de satisfactione Christi adversus Faustum Socinum senensem scripsit.
* Maurice Causse parle de lui dans sa série sur le « fil d’Arius » ( lien). Pour les relations entre sociniens et arminiens/remonstrants, voir surtout les travaux de l’Italienne Luisa Simonutti ( lien).

 

la_haye_palais_de_la_paix_hugo_grotius_P1012439.JPGEminent juriste, il fut aussi philosophe, apologiste chrétien, dramaturge, et poète. Il n’a pas cessé de militer pour un ordre authentiquement humain et pour une chrétienté ouverte, purifiée par un retour à ses sources. Ayant vécu à l'époque de la Guerre de Quatre-vingts ans (1568-1648 ; ou la révolte des Gueux) entre l'Espagne et les Pays-Bas et de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) entre les nations européennes catholiques et protestantes ; il n'est pas surprenant qu'il ait été profondément marqué par les questions de conflits entre nations et les religions. Il était lui-même calviniste de tendance modérée et entretenait de nombreux contacts avec des catholiques, espérant une réunification des Eglises chrétiennes.


La Bibliothèque du Palais de la Paix à La Haye possède une collection importante de ses œuvres suite à une donation de Martinus Nijhoff. La Société américaine de droit international a, depuis 1999, tenu une série annuelle de conférences sur Grotius.

 
Source principale : article Wikipedia

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